Le petit chemin vert

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mardi 30 octobre 2007

Araignée du soir, les boules ! (2e)

  • Acte 2 : au lit, et rien d'autre ?
1ere nuit ici. Le bougre de T. ne blaguait pas. On a roulé 3 plombes en voiture dans la montagne. Et je me retrouve seul maître à bord d'un domaine de quelques hectares. La tévé ne marche pas. Seule la radio pourra noyer la solitude pendant la semaine. Après 7 heures de voyage entre Montréal et Penticton, plus 3 heures de délire dans un bar, il était pas loin de 23h ici, ce qui fait qu'avec le décalage horaire avec la côte est j'aurais dû être en train de dormir depuis bien longtemps. Aussi, une petite sièste d'une nuit entière me ferait le plus grand bien. Rapidement, avant de me coucher, je me connectai sur internet pour lire divers messages, faire 328 parties de sudoku en ligne (niveau expert) et hop, au lit ! Sauf que pris de peur curiosité, je lançai une recherche aveugle sur la veuve noire. Et juste par cruauté amitié, divers sites racontent qu'on la trouve facilement partout, dans les caves, les pièces des maisons inhabitées, dans l'herbe, dans des tas de bois, etc... Tiens, ô miracle, la-petite-maison-dans-la-prairie dans laquelle je logeai n'avait plus été visitée depuis plusieurs mois et elle contient une cave. Et pas de pelouse dedans, mais dehors. Et pour les stères de bois, ouf, ça pouvait aller aussi. Les sites notent aussi qu'il faut donc faire très attention où on met les pieds dans ces maisons, et qu'il faut penser à bien secouer les draps avant de se coucher pour éventuellement chasser la bête du lit parce que sinon, ayoye ! Genre, la veuve noire dort dans un lit queen-size elle aussi. Tu sais, elle aime bien les futons, les alèses plastifiées, les draps IKEA TUPPLUR rouges à carreau blancs. Rien que de bien normal, quoi. Et au niveau piqure, ce n'est que de la gnognotte. Il faut juste penser à courir aux urgences après s'être fait mordre, tout en ayant bien pris soin d'écrabouiller le monstre petit bout d'animal pour savoir à quelle famille il appartient afin d'injecter le contre-poison adéquat. Parce que bon, manquerait plus qu'on t'injecte en plus un mauvais poison pour te sauver la vie. Bref, ils sont tous d'accord pour dire que la veuve noire ne sera ton amie que loin de toi.
Ouais, mais bon là ils charrient un peu, non ? Des araignées, j'en ai connu des tonnes. Quand j'étais petit, il y en avait au plafond de ma petite chambre tous les soirs, j'en ai donc écrabouillées plus souvent qu'à mon tour à coups de balai dans la tronche. Et les plus grosses, les noires de quelques centimètres, celles pas épilées pantoute, je les attrapais avec 2 paires de gants en cuir les doigts et les mettais dans des boîtes avec d'autres sortes d'insectes. D'ailleurs je tiens à témoigner ici que le grillon et l'araignée cohabitent bien ensemble, chacun restant dans son coin de la boîte, sans se chicaner. En revanche, les mouches sans ailes et les sauterelles sans pattes, non. Alors c'est pas une petite araignée de rien du tout qui va m'effrayer et me pourrir la nuit, non ?

Si.

Je ne sais pas si tu connais le sketch du pseudo-comique-lourdeau JM Bigard, tu sais, celui de la chauve souris ? Mais si, celui où il raconte qu'il va pas se faire emmerder par une chauve souris grande comme ça ! Bon, tu vois le truc ? Et bien là, d'un coup, ce fut pareil. J'AI PEUR DES ARAIGNÉÉÉEES MÉCHANTES ! Et le film "la malédiction de la veuve noire" m'a toujours foutu les jetons. Je n'ai pas envie de me retrouver avec un tatouage ridicule au niveau du nombril !

Mais force fut de constater que je ne pouvais pas faire autrement que de partager mon séjour ici avec elles, à moins de m'échapper en courant. Mais bon, je n'avais plus la force de faire 3500 kilomètres en courant dans la nuit pour rentrer à Montréal. Surtout sans lampe-torche. Et qu'il fallait donc que je prenasse (*) mon mal en patience et courage à deux mains.
Aussi, je ne sais plus combien de temps je passai à défaire, à secouer comme un taré les draps, puis à refaire le lit. J'ai dû regarder une bonne dizaine de fois sous le lit pour voir s'il n'y avait rien qui s'enfuyait dans le mesquin trou de la plinthe. D'ailleurs, je passai chaque fois 3 plombes à me baisser uniquement pour bien faire attention d'anticiper un mouvement de recul au cas où elle aurait décidé de se jeter sauvagement sur ma tête pour me tuer masser les joues. Si bien que (i) je me suis cassé le dos pour le restant de mes jours et (ii) je suis devenu le roi du pliage de draps de lit de sorte que ma mère serait enfin fière de moi. Je remerciai au passage le Seigneur qui, dans sa grande bonté, avait voulu que la femme de ménage de la maison n'aime que les draps blancs. Ça aurait pu être pire, comme des draps bleus nuit ou noirs jour qui auraient rendu impossible toute détection d'une veuve noire NOIRE (la garce).
Une heure pour défaire et refaire un lit du bout des doigts, bravo, c'est pas mal (**). Une fois réellement assuré que j'étais seul au lit, je m'y allongeai, mort de trouille fatigue, et essayai de me concentrer pour ne pas bouger d'un cheveu les orteils, les pieds, les jambes, les bras et la tête (aloueeeeeetttttte) afin de ne pas affoler l'horrible araignée qui sommeillait au fond du lit. Finalement, je m'endormis, épuisé par ce combat inattendu et intense et me supris le matin au réveil à être allongé exactement dans la même position que celle dans laquelle je métais couché. On aurait pu me ligoter pour ce faire que ça n'aurait jamais donné le même résultat !

Paranoia : 1 - Moi : 0.


(*) non, rien.
(**) et on ne peut pas dire que cette comédie a eu lieu TOUS LES SOIRS du séjour, ça non, on n'a pas le droit de le dire.

lundi 29 octobre 2007

Araignée du soir, les boules !

Le paranoiaque, tu connais ? Oui, c'est sûrement toi ! À moins que cela ne soit moi ?
Tu ne me connais pas, mais je tiens à signaler que je ne suis pas du genre à être facilement impressionné et que je ne suis pas un poltron, à part quand ils sont quatre et que je suis tout seul ou quand le gros méchant chien a décidé de sauter par dessus la barrière pour me bouffer courir après. Je ne suis pas paranoiaque non plus. Sauf une fois durant une semaine entière. Je pense que cette semaine-là j'ai rarement autant fait le dauphin (*). Laisse-moi te narrer cette histoire.

  • Acte 1 : Welcome to Okanagan Valley !
Cela s'est passé il y a un peu plus d'un an au Canada, en Colombie-Britannique, à Penticton exactement (vas-y, je te laisse 30 secondes pour trouver Penticton, BC, dans googlemaps.... top c'est fini, je continue). Tu pourrais te demander ce que je pouvais bien foutre là-bas dans cette bourgade paumée au milieu des rocheuses canadiennes, je te repondrais que ça ne te regarde pas, j'ai un métier, moi ! En visite à Penticton donc, nous placotions sec avec deux amis canadien et allemand autour d'une bière locale et surtout devant un match de curling fémimin. Je ne sais pas si tu as déjà vu un match de curling (certainement que oui si tu es suisse, allemand, russe, congolais, canadien ou étazunien), mais moi ça me fait autant d'effet que le prochain playboy avec Juliette Binoche en couverture (à ne pas manquer) qu'un film de Michael Mann. Oui, voilà c'est ça, t'as tout compris, c'est gonflant au possible. Bref, étant plutôt curieux de nature, ce soir-là je décidai de lancer une discussion sur la faune et la flore environnantes pour tenter d'échapper à ce qui semblait se profiler dans la conversation, à savoir la douce subtilité des règles du curling le soir au fond des bois. Mal m'en prit. Que n'avais-je point fait là ? J'aurais dû fermer ma bouche et continuer bien sagement de regarder les thons belles joueuses de curling curler...
Toujours est-il que mes amis s'en donnèrent à coeur joie pour me décrire tout ce qui pouvait traîner dans cette partie des Rocheuses, et plus je les écoutais, plus je me disais qu'ils se foutaient de moi et que je n'avais pas de soucis à me faire. Pourtant, ils insistèrent (et j'entends encore mon ami T. me dire "Please, remember, try to avoid the basements", ce qui signifiait, pour ceux qui ne parlent que le mandarin, qu'il ne fallait pas que j'essaie de mettre un pied dans cette foutue cave), si bien qu'ils déclenchèrent en moi ... un léger frisson ? Non. Je n'y suis pas. Une douce bise d'adrénaline ? Non plus. C'est pas ça. Une pointe de stress alors ? Pffff. Une belle frousse ? Oui. Voilà. On y est. Et celle-ci se transforma peu à peu en paranoia aigue qui dura toute la semaine.
Seconde bière. Enfin, fin curling, début hockey night ! Flore ? Pas grand chose, ai oublié. Décor ? Lac, montagne, lac, forêts. Montagne, ville et forêts autour lac. Canada, quoi ! Faune ? Ours. Petit ours noir. Pas méchant. Mange uniquement des sandwichs au colgate. Rarement grizzli. Lui, dangeureux. Mange uniquement des touristes. 1er gloups. What else ? Coyotes. Foule de serpents à sonnette, fin printemps et plein été. 2nd gloups. Mais rassuré. Fin hiver ! Ah, bah ça va alors ! Araignées. Brown Recluse, mais rare. Encore ? The last, but not the least. Black widow. Pardon ? Ai-je bien oui ? Oui. Veuve noire. Dangeureuse. Très venimeuse. Alors pense à éviter la cave de la maison. Je répète. Évite la cave de la maison. Triple gloups. Fatigué. On rentre ? Joke de fin de soirée d'accueil : "Ah, bien entendu, tu seras seul en cette maison, isolée de tout, isolée de tous. Le 1er voisin est à quelques kilomètres, et j'en serai à une 20aine de toi. See you tomorrow. Goodbye, good night and good luck."

(*) oui j'aime les jeux de mots nases, ça te pose un problème ?