"Qu'est-ce qu'il y a? dit le petit.
Je sais que tu croyais qu'on allait mourir.
Ouais.
Mais on n'est pas morts.
Non.
D'accord?
Je peux te demander quelque chose?
Bien sûr.
Si on était des oiseaux on pourrait voler assez haut pour voir le soleil?
Oui. On le pourrait.
C'est ce que je pensais. Ca serait vraiment chouette.
Oui, certainement. T'es prêt?
Oui.
Il s'arrêta. Où est passée ta flûte?
Je l'ai jetée.
Tu l'as jetée?
Oui.
D'accord.
D'accord."

Cet extrait du roman "La route" (*) que je suis en train de lire me rappelle une chanson des Cow-Boys Fringants que j'apprécie énormément, "Plus rien" (**). J'avoue que j'ai eu du mal à rentrer dans ce roman. C'est peut-être parce que j'essaie de lire plusieurs bouquins en parallèle (Les rois maudits vol. 4, Ilium, La circulaire et autres racontars) que je n'arrive décidément pas à terminer ou commencer, c'est selon. Je n'arrive plus trop à me concentrer sur des romans, donc à les apprécier et les lire. Mais maintenant ça va mieux avec "La route", je suis sur une bonne lancée.

Bref, on ne peut pas dire que le scénario soit extraordinaire car il ne s'y passe pas grand chose. Mais la façon dont les personnages errent dans le néant, entre la souffrance de la survie et une mort programmée, y est assez spectaculaire. La réussite du bouquin est totale sur moi car l'auteur a réussi à me faire m'identifier aux personnages du roman. Notamment, je me sens comme eux, j'essaie de surmonter à la souffrance, et surtout à la peine à y rentrer, dans l'histoire. Ca fait un peu masochiste, comme dans le livre. Les personnages souffrent pour/et survivre/survivent, malgré le fait qu'ils savent qu'ils vont droit à une mort certaine. Et moi je souffre de finir ce bouquin tant il met mal à l'aise à force de sentir que l'horreur va poindre au bout du livre. Retour à la barbarie des quelques survivants sur Terre, ravagée par on ne sait quel cataclysme. Tentative de lutte d'un père et de son enfant pour rester humains et dignes malgré leur malheur (***). Mieux vaut mourir que d'être faits prisonniers par les autres survivants.

Cet extrait de conversation est à mon goût un des plus beaux passages du livre (en tous cas des 155 premières pages). Au fur et à mesure, je me suis mis à apprécier le livre, et à les aimer, cet homme et cet enfant perdus sur une route. La relation et l'amour qu'ils partagent, le dévouement du père envers son fils, son envie de le protéger et de le maintenir en vie jusqu'au bout. Je ne sais pas comment cela se terminera, mais j'aime le message d'espoir et de lutte malgré les situations de souffrances. Cet extrait montre le réalisme d'un enfant envers sa propre situation. Le réalisme engendre l'espoir chez lui. Cet extrait montre aussi la beauté de l'innocence qu'a conservée cet enfant dans son malheur.

J'adore ce genre de messages, je suis profondément optimiste. J'espère que toi aussi.

les verts : J'appréhende la fin, j'espère que toi aussi tu l'appréhenderas. Car tu vas le lire, hein? Tu ne vas pas me laisser tout seul dans la souffrance?

(*) La route, Cormac McCarthy, éditions de l'Olivier.
(**) Plus rien, extrait de l'album "La grand-messe" des Cow-Boys Fringants. Comment réagirais-tu si tu étais plus ou moins le dernier humain de la Terre? D'ailleurs comment saurais-tu si tu étais le dernier humain de la Terre? Tu ne le saurais certainement pas, en fait.
(***) J'ai le sentiment que l'action de ce livre aurait très bien pu se dérouler pendant la Shoah. Ca aurait fait le même effet sur moi.