Le petit chemin vert

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vendredi 30 novembre 2007

One Big MOB.

Lettre à toi, jeune con d'étudiant.

Qui n'a jamais été étudiant me jette un ceintre. J'aime les étudiants. J'ai adoré faire des études.


Quand j'avais 18 ans, j'étais en en 2ème année de feu-DEUG, dans une université plutôt pauvre. C'était en 1995. Cet automne-là, je me souviens de m'être battu pour des idéaux que je croyais légitimes, et que je pense toujours légitimes aujourd'hui, à savoir, faîtes quelque chose pour les universités, bordel, ou bien on va tous mourir. J'étais un jeune idéaliste, aucunement syndicaliste. J'ai participé pendant 3 semaines à ce qu'on appelle aujourd'hui les grèves/le mouvement social de 1995. Y avait pas que nous, les étudiants, dans les rues. Il y avait tout plein de gens très drôles et pas très contents avec tout plein de revendications, qui ne l'étaient pas moins, drôles. Armés de gros feutres qui tâchent, nous passions nos matinées ou après-midis à fabriquer de jolies banderoles multicolores parce que le lendemain, on les exhibait dans les rues.

Je me souviens de notre cri de motivation, "ONE BIG MOB", en référence à une chanson des Red Hot Chili Peppers, qu'on écoutait en faisant les banderoles pour se motiver. C'était ben l'fun toute cette énergie à revendre. One big mob, oh yeah, oh yeah. One big mob signifiait ici "one big mobilisation", car "demain, il faudra une grosse mobilisation dans les rues, les gars!". Je n'avais jamais fait de grafittis de ma vie. C'était très rigolo. On rivalisait sur les slogans. Ils étaient franchement nuls, il faut bien l'avouer. On cherchait surtout à y caser des rimes. Quand on y pense, c'est très étrange comment tous les grévistes de France mettent un point d'honneur à essayer de faire de la rime dans les manifs. La langue française est si belle que le Français ne peut s'empêcher de poétiser.

"Balladuuuuur, si tu savaiiisss
Où on s'le met ton C.I.P !"
"Étudiants en colère,
y'en a marre de la galère"

Notre grève n'était rien d'autre qu'une lutte des classes. Les universités pauvres, sous-dotées de moyens par rapport aux riches (parisiennes notamment), se rebellaient pour demander plus de miettes du gateau. Du fric. Du matériel. Des personnels enseignants, administratifs, techniques, etc... Je me rappelle des interruptions de cours au tout début du mouvement, une horde de gens déboulant dans les amphis bondés, s'octroyant la parole pour annoncer la couleur et inviter à venir manifester le lendemain et à se mettre en grève. Je me souviens aussi des autres étudiants, qui hurlaient dans les amphis leur mécontentement. C'était effectivement houleux avec les étudiants plutôt à droite politiquement qui étaient majoritairement contre les revendications (la droite était au pouvoir à l'époque). Ils sont restés bien aux chaud chez eux, à réviser pour les examens au cours de ces 3 semaines de grêve. Quelle bande de fayots.

J'ai adoré ces moments de révolte, cela a permis de nouer des liens, de faire de nouvelles rencontres et de comprendre un peu plus le système de fous qui tente de nous gérer.

Malgré tous ces problèmes, malgré tous ces manques de moyens flagrants et récurrents, les étudiants moyens les plus motivés, comme moi, s'accrochent et passent les obstacles un à un. La raison simple de notre motivation et réussite est que nos familles ne roulent pas nécessairement sur l'or. Il fallait faire tout pour arriver au but qu'on se fixait sans prendre trop de retard, et ainsi sans vivre encore trop longtemps aux crochets des parents.

Je me rappelle que mon cursus scientifique imposait de très grosses semaines de travail, avec 35h d'heures d'études, entre les cours magistraux, les travaux dirigés et les travaux pratiques. En plus de cela je passais des heures à la bibliothèque pour y travailler. Je me souviens par exemple l'année de maîtrise où on avait même fini de travailler un 23 décembre à 20h par un TP de physique nucléaire, alors que toutes les autres facultés étaient en vacances depuis plusieurs jours. Mais on aimait ces semaines chargées. On apprenait et découvrait plus chaque jour.

Autant te dire tout de suite que dans mon cursus, très rares étaient ceux qui avaient une job de merde pour se faire des sous-sous dans la popoche, en dehors des études. Je n'ai connu qu'une seule personne, c'était en feu-DEA. Et encore, elle ne travaillait que la fin de semaine. En bref, je suis en train de te dire qu'on vivait, et qu'on vit encore, aux dépends de nos parents jusqu'à ce qu'on finisse nos études.

En 1ere année de feu-DEUG, je me souviens qu'on était 720 étudiants, pour une ville de 220 000 habitants. J'imagine que le nombre a légèrement baissé, car les sciences dures paraissent moins attrayantes actuellement. Mais ça doit rester dans ces eaux-là.

Puis, j'ai travaillé à l'Université de Montréal pendant quelques années. Montréal et sa banlieue, c'est 3.5 millions d'habitants, 4 universités, dont 2 grosses universités scientifiques, McGill et l'UdeM. Là-bas, ils sont une centaine maximum en première année de BAC scientifique, l'équivalent du feu-DEUG. Hein, si peu te demandes-tu ? Mais pourquoi cela ? N'y-a-t'il pas autant voire plus de jeunes que dans ta ville paumée désireux de devenir chercheur ? Oui, certainement autant en proportion. Pas plus, ni moins en fait. Mais alors, pourquoi ce décalage ?

Là-bas, vois-tu, les frais d'inscription avoisinnent plus de mille euros par session. Une session, c'est 3 mois de cours. Ce n'est rien comparé à ce que d'autres univeristés canadiennes ou US demandent. Mais c'est énorme pour toi, petit Français. Tu as compris, l'argent filtre le nombre d'etudiants dans les facultés. Là-bas, les étudiants qui n'ont pas la chance d'avoir des parents riches et des bourses d'excellence travaillent en dehors des heures de cours. Ils ont plus ou moins le temps en fait, car il y a moins de cours qu'ici. Certains étudiants s'arrêtent même une année complète pour travailler afin de pouvoir emmagasiner de l'argent et payer leurs études à venir. J'ai rencontré plusieurs étudiants de Master ou en doctorat aussi agés que moi, voire plus âgés, alors que moi j'étais en post-doctorat. Contrairement à eux, je n'ai jamais eu à m'arrêter pour travailler et payer mes études. Je n'ai donc pas de "retard" par rapport à eux. Laisse moi te dire que ça les étonnait de me voir si jeune et si loin déjà.

Voici maintenant où je veux en venir.

Aujourd'hui, en France, des jeunes étudiants défilent dans les rues contre le projet de loi d'autonomie des Universités. Je ne vais pas rentrer dans un débat long et douloureux sur l'utilité ou non de l'autonomie d'une Université. Il y a sûrement des choses à réformer dans les Universités, je ne le nie pas. Mais ce dont je suis certain, c'est que cela signifie à terme une augmentation des frais d'inscription pour les étudiants. C'est mécanique. "Vous allez être plus autonome, on va intervenir moins dans vos décicions, on va se retirer petit à petit de chez vous, y compris notre argent. Vous trouverez des sous autre part. Ca se fait ailleurs, pourquoi pas ici ?"

Je n'aurais jamais pu devenir ce que je suis aujourd'hui si les universités françaises avaient eu des droits d'entrée de plusieurs milliers d'euros à l'année, en plus du loyer et de la bouffe à payer, tout simplement parce que mes parents n'auraient jamais eu l'argent pour me payer ces études. J'aurais peut-être eu une bourse pour les faire, mais très certainement j'aurais fait autre chose que des études, avec des regrets de ne pas avoir pu tenter de réaliser un rêve d'enfant parce que mes parents n'avaient pas les moyens.

Toi, jeune con d'étudiant qui lit ce billet, tu as le choix de décider de l'avenir des universités.
Soit tu te dis qu'un système où l'argent filtrera l'accès au système éducatif, comme dans mon exemple à Montréal, ne peut être mauvais, ou soit tu te lèves et tu te bats pour préserver ce droit d'accès gratuit aux études pour tous.

Soit tu décides d'assister à d'une révolution culturelle (frais d'entrée élevés, donc moins d'etudiants, moins de cours aussi, et une spécialisation assez précoce), ou soit tu te bats pour conserver une universalité et une diversité des enseignements universitaires.

Soit tu décides de laisser s'épanouir un système où tu ne choisiras pas nécessairement l'enseignement qui aurait pu te mener vers le métier que tu aimerais faire mais celui vers lequel on te proposera d'aller, ou soit tu décides de te battre pour te laisser guider par tes rêves et tes envies.

Soit tu décides que dans la vie on fait ce qu'on peut et pas ce qu'on veut, ou soit tu décides d'essayer de préserver le contraire.

Ami étudiant, tu as le choix. Je ne suis pas ici pour t'influencer. Je ne te dirai pas ma où va ma préférence entre ces deux systèmes éducatifs même si tu l'auras devinée.

Simplement, je n'ai qu'une chose à te dire: ONE BIG MOB !!! (oh yeah, oh yeah)

Bien sincèrement,
Lorenzo

mardi 20 novembre 2007

Araignée du soir, les boules ! (fin)

  • Acte 5 : Rien que pour nos yeux

Ça y est, je l'ai vue.

Elle était là, parée de mille feux scintillants
Dans sa robe noire, arborant son collier rouge.
Accrochée à sa toile, elle me regardait,
peut-être même me guettait-elle ?
Mais sûrement, elle m'attendait.
Il ne faut pas que je bouge
Si je veux rester vivant.



Elle était belle,
Et j'avoue que j'aurais presque eu
Le coup de foudre pour elle en d'autres circonstances,
Si j'avais été un coléoptère ou encore un phasme.

Mais je n'en suis pas un. Aussi je la prends en photo, et je m'efface.

Ceci fut ma dernière nuit ici. J'avais passé toute une semaine à flipper à cause d'araignées venimeuses létales et d'hurlements nocturnes de coyotes. Je pensai que je méritai amplement mon cadeau d'adieu, à savoir une rencontre véritable avec celle pour laquelle je venais de paranoyer toute la semaine : la veuve noire.
Je décidai donc d'aller faire un tour dans la cave. Celle-là même où on m'avait formellement interdit d'aller.
Tu sais, c'était comme une vénération, puisque je ne pensai qu'à elle; il fallait que je la vois. C'en était finalement devenu un leitmotiv pour moi. Car la voir, c'était la combattre, la défier, voire la dominer; c'est-à-dire combattre, défier, dominer la peur profonde et la paranoia qui me submergaient.
Aussi, armé de courage, je décidai de pousser la porte de la cave. Telle ne fut pas ma surprise quand je vis que celle-ci n'était même pas fermée à clef, alors que cette maudite porte de débarras, elle, l'était. Je ne cache pas que ce fut un supplice aussi, pétrifié à l'idée de voir une veuve noire me tomber dessus en descendant l'escalier ou bien de devoir passer à travers des toiles pleine de....
Mais finalement, non. Rien de cela ne se passa.

Ca y est, je la vis. Elle aussi me vit. Nous nous sommes fixés un long moment. Puis elle a repris son chemin sur sa jolie toile, continuant sa besogne comme si rien n'était venu la perturber.

Cette nuit-là, je dormis apaisé.

Paranoia : 0 - Moi : 10^8.

ps : la seconde photo que tu as sous les yeux est quasiment à l'échelle.

mardi 13 novembre 2007

FREE RICE



Si ça peut aider, alors ne nous en privons pas : http://www.freerice.com/index.php

Le but de ce jeu (en anglais seulement) est le suivant : d'abord, tu ne gagnes rien. On te propose simplement un mot, il faut trouver sa signification. Plus tu trouves de mots, plus tu acquières des grains de riz. Et plus t'acquières du riz, plus il y a aura de l'argent/du riz refilé à l'ONU, plus exactement à son programme de lutte contre la faim dans le monde. L'argent refilé à l'ONU provient de la pub qui est diffusée dans les bannières du bas.

Simple, efficace et ludique, pour ceux qui parlent anglais. Pour le moment, je me suis arrété à 150 grains de riz. Et toi ?

vendredi 9 novembre 2007

Rubrique à brac (1)

Bonjour à toutes et à tous, amies lectrices et amis lecteurs, aujourd'hui nous allons parler d'un animal qui nous est très cher, et surtout très proche puisqu'il vit en Suisse principalement, j'ai nommé : le coendou préhensile. Non pas que j'ai eu l'envie soudaine de concurrencer You des Pyrénéages ou bien que j'ai piqué sans honte aucune l'idée à Raph, mais je me sentais dans l'obligation obligatoire de vous signaler que deux coendous ont récemment vu le jour au complexe tropical du Papiliorama, à Chiètres, dans le canton de Fribourg, en Suisse. Vous en conviendrez comme moi que cette nouvelle époustoufflante méritait d'être clamée haut et fort.
Car le coendou préhensile est une espèce très rare de papillon rose, comme cette image l'atteste,



et qui, selon un article sérieux (*), vit presque exclusivement dans les arbres et est donc un excellent grimpeur et acrobate. En effet, d'après des recherches poussées, il a été vérifié par des chercheurs habitués à des recherches poussées, que le sémillant coendou a suivi depuis sa plus tendre enfance des cours de trapèze, de funambulisme, de jonglerie, de claquette et d'escalade dans les meilleurs cirques nicaraguayens, avant de se réfugier dans les arbres suisses. L'histoire ne dit pas pour quelle(s) raison(s) le gentil coendou s'est réfugié si haut, et en Suisse, pour faire de la claquette. Car sincèrement, entre nous, le haut des arbres est une place bien piêtre à Chiètres pour claquetter. Il y en a qui ont essayé et qui en sont morts. Les arbres chiétriers sont mesquins et n'aiment pas la claquette, c'est tout, il faut le savoir.
Ainsi, le Papiliorama de Chiètres compterait le plus grand nombre de coendous préhensiles en Europe. Cela est somme toute logique si l'on se rappelle (**) qu'une autre particularité du coendou doux est d’avoir une longue queue qui lui permet notamment de s’accrocher aux branches. Nos spécialistes se sont rendus sur place pour tenter d'obtenir une image attestant cette affirmation. Le résultat est spectaculaire,



le sexe du coendou est si long et si souple que cela lui permet d'avoir un nombre incalculable d'accouplements par semaine, que dis-je, par jour même, et ce avec plusieurs arbres femelles à chaque fois. Vous conviendrez ici, amis lecteurs masculins, que les moeurs du coendou préhensile sont bien étranges et qu'une telle anomalie ne devrait pas être permise par dame Nature. Ou plutôt, si, mais pour tous les mâles vivants dans ce bas monde. Enfin, moi je dis ça, je parle pour vous, hein. Vous noterez aussi que ce taquin de coendou est le seul poisson qui accepte de s'accoupler avec des arbres suisses. Il n'est pas rare d'ailleurs de rencontrer des hêtres à Chiètres se plaindre de s'être faitre violer par un coendou en rût. Malheureusement pour son entourage, le coendou préhensile abuse des coups en douce répréhensibles par la loi suisse.
C'est pourquoi, chers amis, il est plus que temps pour moi de ne plus trop insister sur ce vil pachyderme qu'est le coendou préhensile suisse.

La semaine prochaine, nous parlerons d'un autre animal bien familier dans nos chaumières, à savoir le wawaron québécois.

(*) l'article est ici http://www.nouvelliste.ch/
(**) à tarte, toujours

jeudi 8 novembre 2007

Puisqu'on te le dit

Ta connection internet te lâche sans cesse ? Tu n'arrives plus à télécharger illégalement le dernier épisode des feux de l'amour au cours d'une seule et même nuit ? Ta conversation vidéo avec mamie Gilberte en plein Berry connaît des ratés ? Ton voisin de palier sent mauvais des genoux ? Bref, ça va vraiment pas et tu n'as qu'une envie, c'est d'optimiser ta freebox, n'est-ce-pas ?
Pas de problèmes, Free a pensé à tout et est là pour t'aider. Section 4.3 du manuel du boitier ADSL, page 22.



Alors, ne te sens-tu pas déjà mieux avec cette information ? Ne vois-tu pas déjà l'image de mémé se clarifier ? Merci qui ?

ps : Que celle ou celui qui a osé voler la sous-section 4.3.2 dudit manuel ait l'amabilité de le rendre en l'envoyant à l'adresse suivante free@free.fr. Des millions d'utilisateurs souhaiteraient en effet pouvoir afficher les caractéristiques en temps réel. D'avance, merci pour eux.
lesverts : Exercice à faire pour la semaine prochaine. Mesurer précisément n avec un goniomètre et en déduire z.

lundi 5 novembre 2007

Araignée du soir, les boules ! (4e)

  • Acte 4 : Le meunier hurlant
"Quelqu'un devrait aller lui dire de ne pas hurler, un homme de son âge. C'est pas possible qu'un être humain crie comme le dernier des loups." -- Le meunier hurlant -- Arto Paasilinna

Ce n'est pas de moi dont il s'agit ici. Mais d'eux. C'est vrai, j'était paranoiaque à cause des araignées, de l'ambiance étrange du moment, et de tout le reste, mais pas au point de me mettre à hurler la nuit. En revanche, eux, ils ont hurlé à la mort. Ils ont passé deux nuits à hurler même. Pas une, non non, ça aurait été trop gentil de leur part, mais deux. Heureusement, ça ne durait pas toute la nuit, mais suffisament longtemps et fort pour qu'ils me réveillent une fois et que j'ai ma petite heure d'insomnie nocturne.

Ils ? Eux ? C'étaient les coyotes bien sûr !

Combien étaient-ils et où étaient-ils exactement ?J'en savais rien. Mais bien trop proches à mon goût car ils avaient réussi à me réveiller, et suffisament nombreux. Non content de me faire piquer par des araignées, j'allais me faire bouffer par des coyotes en plus. Il ne manquait plus qu'eux à ma fête.

C'est glauque un chant de coyote. Mais alors une chorale de coyotes, c'est carrément lugubre. Surtout vers minuit, une heure du matin. Ah ça a l'air gentil comme tout sur les images, on dirait un berger allemand même. On leur donnerait le bon Dieu sans confession. Ça veut jouer, ça veut te courir après et te faire de douces léchouilles aux oreilles. Mais qu'il est MEUUUUGGGGNON le toutou.
Mais en meute, c'est pas très gentil, les coyotes. Enfin il paraît. Et j'ai pas souhaité vérifier.
Il se trouvait que je travaillais très tard dans un autre bâtiment près de la maison, à une centaine de mètres. Et il a fallu que je trouve le moyen de rentrer lors de leur seconde crise de hurlement de la semaine. J'ai longuement hésité à passer la porte du batiment pour rentrer à la maison et me planquer au fond du lit. Puis, hop, j'ai pris mon élan et j'ai couru comme jamais je n'avais couru auparavant. Je pense aisément qu'on aurait pu dire que Bruny Surin ou Ben Johnson c'était d'la p'tite bière à côté de moi à ce moment précis. Et ouf, je suis arrivé vivant.

Amie lectrice/ami lecteur, tu vois, pour un peu, les coyotes auraient presque réussi à me faire oublier les araignées...

Paranoia : 518 - Moi : -2.

jeudi 1 novembre 2007

Araignée du soir, les boules ! (3e)

  • Acte 3 : tu connais l'histoire de l'araignée qui repeind mon plafond ?
2eme nuit ici. J'avais survécu à la 1ère nuit, j'allais bien réussir à passer le cap de la deuxième, non ? Je passais mon temps à scruter tout ce qui était scrutable. Le sol, les murs, le plafond, les tables, le lit, les chaises, re le sol, le miroir, les toilettes où je faisais très attention avant de m'asseoir sur la lunette (puisque je te dis qu'il faut que tu regardes le film "la malédiction de la veuve noire" !), la moquette, le réfrigérateur, re le plafond, oh tiens, une araignée, re le lit, re les chaises, le canapé, le AAAAAAAAAAAAAAAAAAAHH ! Stop, reviens en arrière, vite, vite !!!! Oui, voilà, tu y es. IL Y A UNE ARAIGNÉE QUI SE PROMÈNE AU PLAFOND !! Au plafond qu'elle se promène l'araignée j'te dis !



Vite, vite, pas de panique, que faire ? Téléphoner à ma blonde et lui dire que je l'aimais ? Téléphoner à un avocat pour faire un testament ? Paul, mon ami Paul, je te lègue ma collection de dessous de plats jaunes que tu m'as toujours enviée; à toi maman, petite maman chérie, je te lègue ma collection de CDs de Michel Sardou et Frédéric François que tu n'as jamais enviée; à toi Lulu mon asparagus. Non, pas mon asparagus. Téléphoner aux renseignements, ils sont toujours de bons conseils ? Chanter la Marseillaise ? Hurler comme un dératé dans la maison qu'on ne m'y reprendra plus à venir ici ? Demander de l'aide aux voisins ? Ah non. Trop loin, les cons. Partir en loucedé dans la pièce d'à côté ? Non, je ne suis pas lâche je te dis ! Ne rien faire et siffloter "des pommes, des poires et des scoubidous, aaaahhhhh" sur un pied ? Non plus, je suis un ancien ophtalmologiste, je ne peux pas faire ça. Téléphoner aux flics pour leur signaler qu'il y a une araignée super-méga-hypra-giga-over-dangeureuse sur mon plafond ? C'est pas une bonne idée non plus, je ne veux pas finir mes jours en asile psychiatrique à Vancouver, ou pire, à Calgary. C'est vrai quoi, leurs équipes de hockey craignent un max. Vite, réagissons avant qu'il ne soit trop tard. Il ne me restait plus qu'une solution si je souhaitais passer une nuit tranquille : lui éclater la djeule lui fabriquer un joli tutu rose. Oui, car il est bien connu que la danse adoucit les moeurs. À moins que ce ne soit la poterie ? Ou le rotin ? Je ne sais plus. Bref, il fallait tout mettre en oeuvre pour la calmer et lui passer ses envies de suicider les gens de son entourage. En l'occurence, moi !
Elle est noire, c'est surement une veuve noire ! Putain, on dirait même qu'elle cherche à prendre son élan pour me sauter dessus, la salope. Je ne sais pas combien de temps j'ai mis à essayer d'ouvrir la porte du débarras pour choper un balai afin de la saigner. Au moins 5 minutes. Mais si ça se trouve, c'est un piège, elles sont deux en fait, et il y en a une qui m'attend dans le débarras pour me faire la fête ! Et si ça se trouve, elles sont des centaines derrière la porte du débarras ! Ahhhh la vache, elles sont vraiment très intelligentes ces connes. Et elles croyaient que j'allais me laisser prendre à leur traquenard? Mouhahahahahaaaa, elles me connaissaient mal !

Ca s'est terminé à coups de brosse à chiotte.

Je n'eus pas trop le choix en fait car je n'ai jamais pu ouvrir cette foutue porte du débarras, car je n'avais pas la clef. Si si ! Quel dommage quand même, non ? Bon en même temps ça m'arrangeait un tout petit peu car il faut dire qu'elle avait eu le bon goût de se positionner juste au dessus du débarras. Tu vois, elle avait tout anticipé, l'enflure. Bon c'était pas le tout de s'armer, il a fallu la buter. Ça non plus ce ne fut pas gagné d'avance. J'ai dû monter sur une chaise. J'avais peur, certes, mais l'air fin aussi. Mais bon, surtout peur. Bordel, j'avais pas de gants en LaTeX pour me protéger. Métier à risque que démineur d'araignées. Imagine le tableau. Tu entres chez toi et tu trouves un mec debout sur une chaise en train de brosser le plafond avec un balai à chiottes. Comment tu réagirais, hein ? Dis ? Ben tu ferais comme moi, tu commenderais une pizza hawaienne, parfaitement madame!
Je pense que je lui donnai un bon coup derrière la nuque car elle tomba comme une crèpe sur le sol (*), tu sais, comme quand on loupe le rattrapage de crêpe. Elle a gémi un peu, mais pas trop quand même. Sur le qui-vive, je gardai toute mon attention au cas où ses comparses auraient la bonne idée de lui porter secours. Mais rien ne vint. Du coup, j'en profitai d'avoir le balai à chiotte en main pour tenter d'enlever la trace de pneu qui venait d'être faite au plafond. Dommages collatéraux qu'on appelle ça.
Il s'avéra finalement que ce n'était pas du tout une veuve noire, mais peut-être une Brown Recluse. Mais peu m'importait. Ça en imposait le respect quand même. J'etais fier comme seul un camion de pompier savait l'être en ces circonstances. J'avais gagné une première bataille. Et peut-être la guerre. Pour avoir la paix ?

Paranoia : 2 - Moi : 1.

(*) Métaphore pourrite ne fonctionnant que les mardis gras.