Le paranoiaque, tu connais ? Oui, c'est sûrement toi ! À moins que cela ne soit moi ?
Tu ne me connais pas, mais je tiens à signaler que je ne suis pas du genre à être facilement impressionné et que je ne suis pas un poltron, à part quand ils sont quatre et que je suis tout seul ou quand le gros méchant chien a décidé de sauter par dessus la barrière pour me bouffer courir après. Je ne suis pas paranoiaque non plus. Sauf une fois durant une semaine entière. Je pense que cette semaine-là j'ai rarement autant fait le dauphin (*). Laisse-moi te narrer cette histoire.

  • Acte 1 : Welcome to Okanagan Valley !
Cela s'est passé il y a un peu plus d'un an au Canada, en Colombie-Britannique, à Penticton exactement (vas-y, je te laisse 30 secondes pour trouver Penticton, BC, dans googlemaps.... top c'est fini, je continue). Tu pourrais te demander ce que je pouvais bien foutre là-bas dans cette bourgade paumée au milieu des rocheuses canadiennes, je te repondrais que ça ne te regarde pas, j'ai un métier, moi ! En visite à Penticton donc, nous placotions sec avec deux amis canadien et allemand autour d'une bière locale et surtout devant un match de curling fémimin. Je ne sais pas si tu as déjà vu un match de curling (certainement que oui si tu es suisse, allemand, russe, congolais, canadien ou étazunien), mais moi ça me fait autant d'effet que le prochain playboy avec Juliette Binoche en couverture (à ne pas manquer) qu'un film de Michael Mann. Oui, voilà c'est ça, t'as tout compris, c'est gonflant au possible. Bref, étant plutôt curieux de nature, ce soir-là je décidai de lancer une discussion sur la faune et la flore environnantes pour tenter d'échapper à ce qui semblait se profiler dans la conversation, à savoir la douce subtilité des règles du curling le soir au fond des bois. Mal m'en prit. Que n'avais-je point fait là ? J'aurais dû fermer ma bouche et continuer bien sagement de regarder les thons belles joueuses de curling curler...
Toujours est-il que mes amis s'en donnèrent à coeur joie pour me décrire tout ce qui pouvait traîner dans cette partie des Rocheuses, et plus je les écoutais, plus je me disais qu'ils se foutaient de moi et que je n'avais pas de soucis à me faire. Pourtant, ils insistèrent (et j'entends encore mon ami T. me dire "Please, remember, try to avoid the basements", ce qui signifiait, pour ceux qui ne parlent que le mandarin, qu'il ne fallait pas que j'essaie de mettre un pied dans cette foutue cave), si bien qu'ils déclenchèrent en moi ... un léger frisson ? Non. Je n'y suis pas. Une douce bise d'adrénaline ? Non plus. C'est pas ça. Une pointe de stress alors ? Pffff. Une belle frousse ? Oui. Voilà. On y est. Et celle-ci se transforma peu à peu en paranoia aigue qui dura toute la semaine.
Seconde bière. Enfin, fin curling, début hockey night ! Flore ? Pas grand chose, ai oublié. Décor ? Lac, montagne, lac, forêts. Montagne, ville et forêts autour lac. Canada, quoi ! Faune ? Ours. Petit ours noir. Pas méchant. Mange uniquement des sandwichs au colgate. Rarement grizzli. Lui, dangeureux. Mange uniquement des touristes. 1er gloups. What else ? Coyotes. Foule de serpents à sonnette, fin printemps et plein été. 2nd gloups. Mais rassuré. Fin hiver ! Ah, bah ça va alors ! Araignées. Brown Recluse, mais rare. Encore ? The last, but not the least. Black widow. Pardon ? Ai-je bien oui ? Oui. Veuve noire. Dangeureuse. Très venimeuse. Alors pense à éviter la cave de la maison. Je répète. Évite la cave de la maison. Triple gloups. Fatigué. On rentre ? Joke de fin de soirée d'accueil : "Ah, bien entendu, tu seras seul en cette maison, isolée de tout, isolée de tous. Le 1er voisin est à quelques kilomètres, et j'en serai à une 20aine de toi. See you tomorrow. Goodbye, good night and good luck."

(*) oui j'aime les jeux de mots nases, ça te pose un problème ?